Faute de places dans les hôpitaux et les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) publics, le réseau de la santé québécois confie depuis quelques années des personnes âgées en perte d’autonomie à 212 résidences privées pour aînés, révèle un dossier publié dans La Presse. Une situation qui préoccupe la ministre caquiste Marguerite Blais, responsable des Aînés et des Proches aidants. Celle-ci a alerté le Protecteur du citoyen du Québec la semaine dernière pour lui faire part de ses inquiétudes quant à la sécurité des personnes âgées et à la qualité des soins dispensés dans ces résidences.
Ce geste de la ministre découle de la lecture d’un article publié dans La Presse qui met en lumière le cas de la résidence Bellerive, située dans l’est de Montréal. De juillet 2013 à janvier 2019, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Est-de-l'Île-de-Montréal a confié à cette résidence 200 aînés en perte d’autonomie. Durant cette période, l’établissement a fait l’objet de trois rapports peu reluisants en matière de sécurité des résidents, mentionnant notamment des épisodes d’insalubrité et de négligence. Sans compter que les propriétaires de la résidence Bellerive, également propriétaires d’immeubles locatifs, avaient déjà vu en 2014 deux de leurs propriétés évacuées pour insalubrité par la Ville de Montréal. Des faits dont le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal dit ne pas avoir eu connaissance avant de signer une entente avec eux.
Le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal a finalement entrepris des démarches en janvier dernier pour relocaliser la clientèle hébergée dans cet établissement, mais la ministre Blais juge la situation inacceptable. Elle reconnait que beaucoup de places sont achetées au privé et que ces dernières coûtent moins cher. Mais la qualité des soins qui y sont offerts ne peut être compromise. La ministre des Aînés et des Proches aidants dit avoir entamé une révision du processus de certification des résidences privées pour aînés depuis son arrivée en poste, l’automne dernier. Le gouvernement caquiste a également prévu l’ajout de 900 places en CHSLD pour en améliorer les services existants et la construction de maisons des aînés. L’ajout prévu de places en CHSLD ne sera toutefois pas suffisant pour combler totalement dans le réseau public le manque de lits pour les personnes âgées en lourde perte d’autonomie.