Peut-être avez-vous un proche souffrant de démence ? Alors vous avez sans doute déjà ressenti un certain sentiment d’impuissance face à son état. C’est justement pour contrer l’immobilisme ambiant que l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) s’est mis en mode solution l’année dernière en créant une équipe-choc spécialisée dans les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD). Cette équipe multidisciplinaire cible les cas complexes : des aînés atteints de démence qui donnent du fil à retordre au personnel du réseau de la santé. L’escouade a pour objectif de trouver des solutions de rechange à la médication pour apaiser l’anxiété, les hallucinations, les délires ou la dépression ; des symptômes fréquents chez les aînés souffrant de démence.
Le succès de la démarche repose sur un programme adapté à chacun des patients dont l’histoire de vie est prise en compte. Ainsi, à un résident récalcitrant à se coucher, on fait entendre un enregistrement audio de son partenaire, ce qui l’incite doucement à aller dormir. À un autre patient bruyant et errant, on présente un montage photo réalisé et commenté par ses proches. De la même façon, un patient qui a survécu à une noyade dans le passé sera sans doute peu coopératif quand viendra l’heure du bain. D’où l’intérêt d’essayer avec lui d’autres approches.
Pour accompagner le mieux possible chacun des résidents, chaque compétence des membres de l’équipe est mise à profit. Au total, ce sont six infirmières, deux psychologues, une psychoéducatrice, une ergothérapeute et trois gérontopsychiatres qui accompagnent le personnel qui œuvre dans différentes ressources du réseau affiliées au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. En plus d’outiller les employés des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), les ressources intermédiaires et les ressources en soins à domicile de ce territoire, l’équipe offre même des consultations téléphoniques et du mentorat un peu partout au Québec, une province où pas moins de 125 000 personnes sont atteintes d’Alzheimer.
Avec cette nouvelle approche, on veut renverser la vapeur et aller à l’encontre de l’inaction généralisée. Les mythes selon lesquels il n’y a rien à faire avec ces cas-là ou disant que la médication s’impose toujours sont tenaces. Et à ceux qui arguent que ce genre d’approche demande trop de temps, l’escouade répond que c’est en y mettant le temps qu’on en épargne beaucoup.