Lorsque Margie Catlin s’est rendue à sa clinique locale sans rendez-vous en janvier 2020, elle ne s’attendait pas à y faire pour la première fois l’expérience des soins virtuels. Elle souhaitait consulter un médecin pour un mal d’oreille lancinant et chronique, mais lorsqu’on l’a conduite dans la salle d’examen, il ne s’y trouvait pas de médecin.
Elle y a plutôt rencontré une infirmière praticienne. Après avoir pris en note ses symptômes et relevé ses signes vitaux, celle-ci lui a suggéré un examen virtuel. Au moyen d’un petit endoscope muni d’une caméra, l’infirmière a pris des images de l’intérieur de l’oreille de Mme Catlin, puis s’est connectée virtuellement avec un médecin ailleurs dans la province, lui décrivant les symptômes de la patiente et lui montrant les images qu’elle avait prises. Il n’est pas toujours possible de procéder à un examen virtuel pour les maux d’oreilles, mais cette clinique sans rendez-vous possédait l’équipement nécessaire.
Dans la demi-heure suivant l’examen, Mme Catlin était au téléphone avec le médecin qui avait examiné les images. Après lui avoir posé quelques questions supplémentaires, il a posé son diagnostic, a fourni une ordonnance et a même téléphoné à une pharmacie afin qu’on y prépare dans la journée les médicaments prescrits.
Dans la petite communauté ontarienne de Portland, à mi-chemin entre Kingston et Ottawa, où Mme Catlin vit, il peut parfois être difficile d’accéder aux médecins, et plus particulièrement aux spécialistes, et cette expérience lui a ouvert les yeux sur les avantages des soins virtuels. « Ils peuvent faire gagner un temps précieux et alléger le fardeau des cliniques de médecine familiale », explique-t-elle, ajoutant qu’elle aurait régulièrement recours aux soins virtuels si elle en avait la possibilité.
L’expérience de Mme Catlin avec les soins virtuels n’est pas unique. Pourtant, de nombreuses personnes au Canada ne savent pas très bien ce que sont les soins virtuels puisqu’ils ont toujours vu leur médecin en personne.
Pour aider les patients à se préparer aux consultations virtuelles avec leur médecin, l’Association médicale canadienne (AMC) a récemment publié un Guide sur les soins virtuels à l’intention des patients, en collaboration avec le Collège des médecins de famille du Canada et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Ce guide, où l’on explique les exigences technologiques de base, la préparation nécessaire pour une consultation virtuelle et le déroulement habituel, vise à aider les patients à se familiariser avec les soins virtuels.
Certes, les soins virtuels ont toujours été d’une grande utilité pour permettre aux patients vivant en milieu rural de consulter des médecins de l’extérieur de leur région immédiate, mais avec la pandémie de COVID-19, il est devenu évident que ces soins constituent également une option plus sûre lorsqu’il faut respecter des mesures d’éloignement physique. De nombreux médecins utilisent maintenant les messages texte, les courriels, les appels téléphoniques et les appels vidéo pour communiquer avec leurs patients et leur offrir un traitement lorsque l’utilisation de ces technologies ne compromet pas la qualité des soins.
Les médecins adhèrent à un principe de base pour ce qui est des consultations virtuelles : un médecin ne doit jamais relâcher ses normes de soins. Si un patient évalué virtuellement a des antécédents qui nécessitent un examen physique impossible à effectuer à distance, le médecin doit rediriger ce patient vers des services en personne.
Notez qu’il est possible de refuser un examen physique s’il peut nuire au patient, comme au cours des éclosions de maladie contagieuse.
Cette transition vers les soins virtuels, provoquée par la pandémie, a également mis en lumière la nécessité d’une meilleure connectivité dans l’ensemble du Canada, particulièrement dans les communautés rurales où les services Internet sont lents, voire inexistants. Dans son mémoire prébudgétaire, l’AMC demande au gouvernement fédéral d’accélérer l’expansion des services Internet haute vitesse dans l’ensemble du pays afin que tout le monde ait accès aux soins virtuels.
Pour Margie Catlin, cette première incursion dans le monde des soins virtuels a mené à d’autres rencontres virtuelles, qui ont toutes été positives.
« L’essayer, c’est l’adopter! En somme, l’expérience est très concluante », affirme Mme Catlin.
Tout cela ne se fera pas comme par magie; pour assurer l’efficacité des soins virtuels, il faut en planifier l’accès et les modes de prestation. L’AMC demande également au gouvernement de faire en sorte que les soins virtuels deviennent pratique courante dans notre système de soins de santé national et décrit les étapes nécessaires pour y arriver. La création d’une banque de savoir en santé numérique, par exemple, est essentielle pour développer une bonne connaissance des soins virtuels et pour nous aider à comprendre ce que savent les gens et ce qu’ils doivent apprendre.