On entend par « technostress » le sentiment suscité par la difficulté d’adaptation aux technologies informatiques modernes et par l’incapacité à composer avec celles-ci de façon positive et saine. La plupart des recherches liées au stress technologique sont axées sur les étudiants et les travailleurs adultes et se penchent sur des questions liées à la dépendance à la technologie, à l’équilibre entre le travail et la vie personnelle et aux répercussions positives que les technologies de l’information et des communications (TIC) peuvent avoir sur le bien-être subjectif d’une personne. On a toutefois accordé très peu d’attention aux effets positifs et négatifs des TIC sur les personnes âgées – la façon dont ces technologies peuvent contribuer au vieillissement en santé, mais aussi poser des défis particuliers pour ces personnes.
Dans son article intitulé Technostress: Measuring a New Threat to Well-being in Later Life, Galit Nimrod a sondé plus de 500 internautes âgés de 60 ans et plus en Israël pour étudier les répercussions de l’utilisation des TIC sur les populations plus âgées[1]. Elle a développé une nouvelle échelle conçue pour mesurer le technostress propre aux personnes âgées. L’échelle de mesure explorait cinq concepts :
· Surcharge– faire face à de nombreux problèmes, ce qui ralentit l’exécution des tâches.
· Invasion– faire l’expérience de la présence constante de la technologie dans la vie quotidienne en raison des frontières floues entre les contextes public et personnel.
· Complexité– composer avec la complexité et le changement constant, ce qui nuit à l’apprentissage et à la maîtrise des TIC.
· Enjeux de vie privée – éprouver le sentiment que les renseignements personnels et la vie privée sont menacés parce que l’utilisation des TIC peut être décelée, documentée et exploitée.
· Inclusion– ressentir un sentiment d’infériorité face aux utilisateurs plus jeunes, ce qui crée une pression à essayer d’être inclus dans la culture technologique contemporaine.
Les personnes âgées interrogées dans l’étude de Galit Nimrod se sentaient stressées par la complexité de la technologie et par les questions d’inclusion et de protection des renseignements personnels connexes. Elles ont dit ressentir une pression à utiliser la technologie et se sentir en position d’infériorité en raison de leur difficulté à maîtriser la technologie complexe. Elles ont également exprimé des préoccupations au sujet de la protection de la vie privée. Mme Nimrod souligne que les études antérieures sur l’utilisation de la technologie chez les personnes âgées avaient tendance à se concentrer sur les aspects positifs. Or, il est important de reconnaître certains aspects négatifs et de mettre en place des solutions et des stratégies pour faciliter l’utilisation de la technologie dans ce groupe d’âge. À mesure que les outils numériques prendront plus d’importance dans le domaine des soins de santé, il faudra déployer de grands efforts pour ne pas aliéner les utilisateurs plus âgés.
Galit Nimrod reconnaît qu’il faut poursuivre la recherche sur le technostress chez les personnes âgées. Les études futures devraient porter sur une population plus diversifiée, afin de tenir compte d’un plus large éventail de cultures et de niveaux de littératie numérique, afin que des interventions efficaces puissent être mises en œuvre pour aborder les types de technostress propres aux personnes âgées et pour optimiser les répercussions positives que l’adoption de la technologie peut avoir sur le vieillissement, tant pour la génération actuelle de personnes âgées que pour celles à venir.
[1] Nimrod, Galit. Technostress: measuring anew threat to well-being in later life. Aging& Mental Health. 2018; vol. 22, no 8 :p. 1080–1087. DOI: 10.1080/13607863.2017.1334037.